
Résumés sélectionnés
Résumé d'une partie des longs-métrages que nous abordons significativement dans la thèse.
1918 Le Vaisseau du ciel, Holger-Madsen, Danemark (muet, noir & blanc)
Un équipage terrien part pour Mars à bord du vaisseau Excelsior. Il y découvre des martiens à l'apparence humaine mais dont la civilisation semble utopique. Elle est guidée par un patriarche dont la fille, Marya, tombe amoureuse du capitaine humain Avanti Planetaros. Ils rentreront ensemble sur Terre pour propager un discours pacifique.
=> Il s'agit du tout premier long-métrage de fiction spatial, réalisé pendant la Première Guerre mondiale, portant un message de paix.
1924 Aelita, Yakov Protazanov, URSS (muet, noir & blanc)
Los est un ingénieur qui vit avec sa femme à Moscou. Un mystérieux message est diffusé dans la ville et il se met à rêver de la princesse martienne Aelita. Se croyant amoureuse, celle-ci l'attend sur sa planète aux décors constructivistes pour mener à bien sa révolution et renverser son père.
=> Le film exporte la révolution soviétique dans l'Espace.
1929 La Femme sur la Lune, Fritz Lang, Allemagne (muet, noir & blanc)
Une expédition constituée d'un vieux professeur, de deux amis ingénieurs, d'une femme, d'un enfant et d'un espion industriel se rendent sur la Lune pour y chercher de l'or.
=> Premier long-métrage se déroulant en partie sur la Lune. L'éminent physicien Hermann Oberth apporte ses conseils scientifiques, notamment pour la fusée, néanmoins la Lune y est présentée comme respirable.
1936 Le Voyage cosmique, Vassili Jouravlev, URSS, (muet, noir & blanc)
Le premier vol lunaire est interdit au dernier moment car considéré comme trop dangereux, mais le vieux professeur Karine décide néanmoins de faire décoller sa fusée comme prévu. Aidé de son assistante Marina et du petit Andriocha, il parvient jusqu'à la Lune où il plante le drapeau soviétique. Après quelques péripéties, ils rentreront sains et saufs.
=> Suivant les conseils du pionnier de l'astronautique Constantin Tsiokolvski, le réalisateur essaie de montrer une vision réaliste du voyage lunaire.
1950 Vingt-Quatre Heures chez les Martiens, Kurt Neumann, États-Unis (parlant, noir et blanc)
Quatre hommes et une femme prennent le départ pour la Lune, mais suite à un problème, la fusée est déviée sur Mars. Ils y découvrent les restes d'une civilisation qu'un évènement nucléaire a décimée. Quelques survivants attaquent les humains. Trois d'entre eux parviennent à en réchapper mais meurent dans l'explosion de la fusée.
=> Il s'agit du premier film spatial à sortir après la Guerre présentant une vision plus pessimiste du voyage spatial.
1950 Destination... Lune !, Irving Pichel, États-Unis (parlant, couleurs-technicolor)1
Après plusieurs échecs, une mission lunaire finit par décoller grâce à l'investissement d'industriels. Quatre astronautes entament leur voyage vers la Lune. En route, ils rencontrent des difficultés les amenant à exécuter une sortie extravéhiculaire. Ils atteignent finalement le sol lunaire dont ils prennent « possession au nom des États-Unis et pour le bénéfice de l'humanité ».
=> Après la guerre, les États-Unis se mettent à produire de plus en plus de films spatiaux avant même la création de la NASA. Ici, on voit la première sortie extra-véhiculaire du cinéma.
1955 La Conquête de l’espace, Byron Haskin, États-Unis
Plusieurs hommes habitant La Roue, station spatiale en orbite terrestre, sont désignés pour accomplir un voyage jusqu'à Mars. Durant le trajet, le commandant perd la tête, convaincu que leur mission va à l'encontre de la volonté de Dieu. Il est accidentellement tué par son fils au moment de l’atterrissage sur le sol martien. Malgré l'apparence désertique de ce dernier, ils finissent par y faire pousser une plante avant de repartir.
=> Dessinée par Chesley Bonestell, La Roue marque les esprits et la station spatiale s'affirme comme un élément récurrent des films spatiaux.
1955 Les Survivants de l’infini, Joseph M.Newman, États-Unis
Des extra-terrestres se servent de scientifiques humains pour développer l'énergie nucléaire. Parmi eux, Cal et Ruth soupçonnent l'identité de leurs employeurs. Ils sont enlevés par un vaisseau spatial qui les transporte jusqu'à Métaluna, dont les extra-terrestres sont originaires. Alors qu'ils rencontrent leur chef qui menace de soumettre l'humanité, Métaluna est bombardée par ses ennemis venus de Zagon. Aidé par un extra-terrestre repentant, les deux scientifiques parviennent à s'enfuir et observent la destruction de Métaluna depuis le vaisseau spatial.
=> Métaluna devient la première planète imaginaire à apparaître dans un long-métrage de fiction.
1956 Planète interdite, Fred M.Wilcox, États-Unis
Dans le futur, l'humanité est devenue une espèce intersidérale. Avec son équipage, le commandant John Adams pose son croiseur spatial sur Altaïr-IV où il doit découvrir ce qui est arrivé à la précédente mission portée disparue. Il y rencontre le rescapé Pr Morbius et sa fille Altaïra, et apprend qu'un mystérieux monstre invisible a éliminé les autres humains. Découvrant que la planète a accueilli autrefois la civilisation technologique des Krells, John Adams comprend peu à peu que leurs outils ont permis à l'inconscient du Pr Morbius de prendre forme à travers le monstre. Celui-ci attaque tous ceux qui dérangent la quiétude de la planète, bouleversent sa relation avec sa fille. Le Pr Morbius finit par se sacrifier pour laisser celle-ci partir avec le commandant dont elle est amoureuse.
=> Bien que placée autour de la véritable étoile Altaïr, Altaïr-IV est la deuxième planète imaginaire du cinéma. Elle sera également détruite à la fin du film, signifiant la mort du père.
1959 Bataille dans l’Espace, Ishirō Honda, Japon
La Terre subit des attaques venues du ciel. Une alliance internationale envoie des astronautes sur la Lune qui abrite les extra-terrestres hostiles. Sur place, un combat entre les deux espèces s’engage sans que les terriens ne voient jamais à quoi ressemblent leurs ennemis. Ces derniers poursuivent leurs attaques jusqu’en orbite terrestre où leurs soucoupes volantes sont finalement détruites grâce à la cohésion humaine.
=> Ishurō Honda pose les bases du combat spatial dans un film qui inspirera notamment George Lucas. Traumatisé par la guerre, il prétexte la menace spatiale pour promouvoir la paix entre les hommes.
1959 L’appel du ciel, Alexeï Kozyr, Mikhaïl Karioukov, URSS
Russes et Américains se retrouvent à bord d’une station orbitale pour lancer des missions vers Mars. Afin de devancer les soviétiques, l’équipage américain part plus tôt que prévu mais s’échoue sur un satellite martien. L’équipage russe vient alors à sa rescousse.
=> Si le film met en scène une station spatiale pacifique, accueillant les pays du monde entier, il sert aussi la propagande soviétique en méprisant les personnages américains. Il sera détourné à plusieurs reprises dans des productions américaines, dont celles de Roger Corman, où les rôles seront inversés.
1960 L’Étoile du Silence, Kurt Maetzig, Allemagne de l'Est, Pologne
Après avoir découvert sur Terre des débris venus de Vénus, un équipage international et cosmopolite s’envole vers la planète. Après un long voyage, ils y attérissent et découvrent que ses habitants avaient l’intention de détruire la Terre grâce à une arme atomique qui a fini par causer leur propre perte.
=> Les ruines et les paysages vénusiens qui sont comme pétrifiés, glacés, traduisent la peur du nucléaire.
1962 La Planète des tempêtes, Pavel Klouchantsev, URSS
Des astronautes soviétiques se posent sur Vénus. Accompagnés d’un robot, ils explorent la planète et découvrent qu’elle abrite de l’eau et de la vie. Après avoir trouvé une sculpture, ils soupçonnent même l’existence d’une vie intelligente, s’interrogeant sur la possibilité d’un lien avec la vie terrienne. Suite à une explosion volcanique, les astronautes sont obligés de repartir précipitamment, laissant de nombreuses questions en suspens.
=> Première vision d’une étendue d’eau sur une autre planète que la nôtre. Le film est repris dans plusieurs versions américaines produites par Roger Corman.
1963 Ikarie XB1, Jindrich Polak, Tchécoslovaquie
Quarante colons internationaux habitent le vaisseau Ikarie XB1 qui doit les emmener sur une planète potentiellement habitable dans le système solaire Alpha du Centaure. Au cours de leur voyage, ils rencontrent plusieurs obstacles mettant leur vie en péril.
=> Le vaisseau spatial devient un lieu de vie à part entière, une prison dorée éprouvant mentalement et physiquement son équipage.
1965 La Planète des vampires, Mario Bava, Italie
Sur la planète imaginaire Aura, des extra-terrestres invisibles se déplacent sous forme de lumière, forçant les humains à s'entre-tuer pour ensuite s'emparer de leurs dépouilles. Infiltrant un vaisseau terrien qui tente de fuir, deux Aurans se dirigent à la fin du film vers la Terre.
=> Le manque de budget force Mario Bava à ruser. Sa planète n’est faite que de quelques rochers factices, d’ombres et de fumée, elle se forme avant tout dans l’imaginaire.
1965 Invasion planète X, Ishirō Honda, Japon
Les Ixiens demandent aux terriens de leur prêter Godzilla et Ronan afin de combattre leur ennemi King Ghidorah. Mais une fois les monstres sur la planète X, voisine de Jupiter, les Ixiens attaquent la Terre, révélant leur projet d’invasion.
=> Jupiter apparaît comme un décor secondaire dans un film traduisant la possible rencontre entre le cinéma spatial et la culture nationale, en l’occurrence ici japonaise avec les Kaiju.
1966 Les Criminels de la Galaxie, Antonio Margheriti, Italie
À bord de la station spatiale Gamma Uno, le commandant Mike Halstead est appelé pour enquêter sur une série d’enlèvements.
=> Avec ses suites — La Guerre des planètes (1966), La Planète errante (1966) et La Mort vient de la planète Aytin (1967) —, le film inaugure la tétralogie Gamma Uno. Elle signe le premier véritable space opera cinématographique, en instaurant pour la première fois un monde cohérent et continu d’un film à l’autre.
1967 Objectif Lune, Robert Altman, États-Unis
Lee Steger fait partie du programme Apollo et s’entraîne pour devenir astronaute. Lorsque le gouvernement américain apprend que les Russes sont sur le point d’aluner, ils décident d’envoyer de manière précipitée Lee sur la Lune en dépit du danger.
=> Robert Altman propose un film réaliste, plus concentré sur le quotidien d’un astronaute en proie aux doutes que sur le spectaculaire des exploits spatiaux. Avec son mouvement de bascule de la caméra au moment où Lee découvre la surface lunaire, il annonce un monde dans lequel la Lune ne sera bientôt plus un rêve inaccessible. Cette image-mentale figure, nous semble-t-il, le Nouvel Hollywood.
1968 2001 : L'Odyssée de l'Espace, Stanley Kubrick
En 1999, un mystérieux monolithe est trouvé sur la Lune mobilisant des scientifiques. Deux ans plus tard, le vaisseau Discovery One est en route vers Jupiter, en direction de laquelle le monolithe émet des ondes radio. A son bord, Dave Bowman et Frank Poole doivent se confronter à l’ordinateur central HAL qui se retourne contre eux.
=> Un an avant l’alunissage, Stanley Kubrick réalise un voyage stellaire aux confins du système solaire. Cette bal(l)ade mythologique, avec l’apparition d’une Image-Temps deleuzienne dans la séquence dite de « la porte des étoiles », bouleverse les codes du cinéma spatial en l’entraînant sur la voie du cinéma moderne.
1972 Silent Running, Douglas Trumbull, États-Unis
Des vaisseaux spatiaux transportent les dernières forêts existantes à travers le système solaire après que la végétation ait été décimée sur Terre. À bord du « Valley Forge », Lowell entretient avec attention cet agrosystème précaire tandis que ses collègues s'en moquent, ayant perdu toute sensibilité à l'organique, au vivant. Lorsqu'ils reçoivent l'ordre de faire exploser la forêt, Lowell les élimine pour préserver le dernier écrin de verdure de l'humanité.
=> Sorti la même année que le rapport Meadows, qui alerte déjà sur les conséquences d'une croissance incontrôlée dans un monde fini comme le nôtre, le film Silent Running s'inscrit dans un questionnement sur le rapport entre Nature-Terre-Espace. Il est l’un des premiers films que l’on pourrait dire « écologiques ».
1972 Solaris, Andreï Tarkovski, URSS
Le Dc Kris Kelvin est envoyé à bord de la station d’observation de Solaris, une planète-océan qui semble avoir un impact psychique sur ceux qui l’approchent. A bord de la station, la femme décédée de Kris lui apparaît, prit de panique il l’éjecte dans une capsule spatiale, mais celle-ci réapparaît à nouveau. Kris comprend alors qu’il s’agit d’une illusion créée par Solaris à partir de ses souvenirs.
=> Cette seconde adaptation du roman de Stanislas Lem s’éloigne de la science-fiction, que Tarkovski avait en horreur, pour proposer avant tout un voyage mental.
1977 Star Wars IV, Un nouvel espoir, George Lucas, États-Unis
Dans une galaxie lointaine, la princesse Leia envoie un message de détresse à Obi-Wan Kenobi avant d’être enlevée par Dark Vador, bras droit du terrible empereur Palpatine. Sur la planète Tatooine, ce message est découvert par Luke Skywalker qui se met en quête d’Obi-Wan, un ancien Jedi. Après l’avoir retrouvé, il part avec lui, Han Solo et Chewbaca, à la recherche de la princesse.
=> Après l’alunissage, le rapport au spatial est bouleversé. On s’aperçoit qu’une connaissance avancée de la Lune et de la galaxie ne répond pas pour autant aux grandes interrogations quant à l’origine de la vie. Dans son récit, George Lucas déplace des modèles mythologiques dans le cosmos d'imagination, l’imposant comme l’une des réponses possibles à la crise des métarécits identifiée par Jean-François Lyotard.
1979 Alien, Ridley Scott, États-Unis
Réveillé de son hibernation suite à un signal de détresse venu du système Zeta Reticuli, l’équipage du Nostromos atterrit sur la lune LV-426 en 2122. La lieutenant Ripley et son équipe découvre un vaisseau spatial abandonné qui abrite ce qui semble être des œufs extra-terrestres. Une bête jaillit de l’un d’eux pour s’agripper à un astronaute qui est aussitôt rapatrié dans le Nostromos. Alors que ce dernier a décollé, un monstre alien jaillit du ventre de l’astronaute prêt à décimer tout l’équipage. Ripley et son chat en seront les seuls survivants.
=> En plaçant son récit dans le vrai système Zeta Reticuli, sujet aux rumeurs ufologiques, mais sur des astres fictifs, Ridley Scott joue à brouiller les pistes dans les imaginaires.
1979 Star Trek, le film, Robert Wise, États-Unis
Alors qu’en 7412 une entité inconnue menace la Terre, la flotte Starfleet envoie le vaisseau Enterprise à sa rencontre pour la neutraliser. L’amiral Kirk est aidé par le vulcain Spock qui entretient une connexion mentale avec l’entité Vger. Elle se révèlera être la sonde spatiale terrienne Voyager 6.
=> Avec Star Wars et Alien, Star Trek forme le troisième pilier de ce que nous nommons « la Trinité » qui accompagne le cinéma spatial depuis la fin des années 70 jusqu’à aujourd’hui.
1982 Star Trek II, La colère de Khan, Nicholas Meyer, États-Unis
A bord de l’Enterprise, Kirk et Spock doivent affronter un vieil ennemi Khan, un tyran cruel issu de l’eugénisme. Ils doivent l’empêcher de s’emparer du projet Genesis qui permet de regénérer une planète.
=> Dans ce film apparaît la première planète intégralement réalisée en images numériques, elle s’affiche elle-même comme une simulation.
1984 2010 : L’Année du premier contact, Peter Hyams, États-Unis
En 2010, une équipe réunissant soviétiques et américains part à la recherche du vaisseau Discovery One, aux abords de Jupiter et de sa lune IO, pour savoir ce qui est arrivé à l’ordinateur HAL. Tandis que sur Terre, la guerre entre l’URSS et les Etats-Unis est sur le point d’éclater, les scientifiques tentent de mener à bien leur mission.
=> Suite de 2001 : L’Odyssée de l’Espace, le film représente Jupiter grâce à un alliage entre photographie, dessin et simulation numérique. L’image numérique s’intègre progressivement dans le cinéma spatial.
1984 Starfighter, Nick Castle, États-Unis
Un jeune joueur d’arcades est repéré par des extraterrestres pour devenir un pilote d’élite. İl doit les aider à combattre l’empereur Xu qui menace “la Frontière” de la ligue stellaire à laquelle leur planète Rylos appartient.
=> Pour la première fois, l’Espace est uniquement simulé à travers des images numériques réalisées par l'équipe de Digital production grâce au superordinateur Cray X-MP.
1990 Total Recall, Paul Verhoeven, États-Unis
Douglas est pris dans une manipulation machiavélique qui l’entraîne sur Mars, devenue en 2084 une colonie dirigée par un tyran qui s’approprie les ressources d’oxygène.
=> Tiré d’une nouvelle de Philip K. Dick, le film montre peu la surface martienne, se déroulant principalement en intérieur. Cependant, il témoigne d’un regain d’intérêt plus global pour la planète Mars qui sera marquée par l’atterrissage de la sonde Mars Pathfinder en 1997.
1995 Apollo 13, Ron Howard, États-Unis
En 1970, la troisième mission lunaire américaine rencontre un problème sur la route. Contraints d’annuler leur alunissage, les astronautes, aidés des scientifiques de la NASA, doivent trouver une solution pour rentrer sains et saufs sur Terre.
=> Des films de fiction peuvent désormais raconter les exploits spatiaux passés, ce sont des docudrames. Il ne s'agit plus seulement d'inventer, d'imaginer ce qu’est le spatial mais aussi de le raconter, car s’il fait toujours partie du présent et du futur, il appartient également à l’Histoire.
1997 Starship Troopers, Paul Verhoeven, États-Unis
Dans le futur, la Fédération gouverne le monde et invoque une fausse attaque d’arachnides extra-terrestres pour justifier l’invasion et la colonisation de leur système Klendhatu.
=> Paul Verhoeven se sert du numérique pour exacerber la violence des images. L'investissement territorial se fait dans une brutalité jamais croisée jusqu'alors dans le cinéma spatial, dénonçant in fine toute forme d’impérialisme.
1998 Armageddon, Michael Bay, États-Unis
Le foreur Harry Stamper et son équipe sont mobilisés afin de creuser un trou pour déposer une charge nucléaire sur un astéroïde menaçant la Terre. Bien que sans formation d’astronautes, ils acceptent la mission au péril de leur vie pour sauver l’humanité.
=> Le film utilise de nombreuses images numériques, notamment pour simuler l’astéroïde. Il raconte aussi l’histoire d’un père qui doit se sacrifier pour que sa fille puisse continuer à vivre.
1998 Deep Impact, Mimi Leder, États-Unis
Une équipe russo-américaine est envoyée pour dévier une comète qui menace de s’écraser sur Terre et d’éradiquer l’humanité. Se sacrifiant, ils parviennent à faire exploser la comète en de multiples fragments atténuant l’impact, même si celui-ci entraîne un tsunami. Malgré de nombreuses victimes, l’humanité survit.
=> A l’approche de l’an 2000, la Fin du Monde devient un sujet récurrent au cinéma. Tout comme Armageddon, le film utilise de nombreux images numériques pour simuler l’Espace, il nous semble que l’on peut même désormais parler d’un cosmos de simulation.
1999 Star Wars I, La Menace fantôme, George Lucas, États-Unis
Alors que la Fédération du commerce menace la planète Naboo, le Jedi Qui-Gon Jinn et son apprenti Obi-Wan Kennoby en exfiltrent la reine Padmée Amidale qu’ils veulent mener au Sénat galactique sur la planète Coruscant. Forcés de s’arrêter sur Tatooine, ils y repèrent le jeune esclave Anakin Skywalker et lui proposent de suivre une formation de padawan pour devenir Jedi.
=> Estimant que les outils numériques sont désormais à la hauteur de ses ambitions, George Lucas, non content de restaurer et de retravailler sa trilogie originale, se lance dans une nouvelle trilogie pour raconter la jeunesse de Dark Vador et l’ascension de l’Empire galactique.
2000 Mission to Mars, Brian de Palma, États-Unis
La mission Mars Rescue doit rejoindre la planète rouge pour sauver une précédente mission mystérieusement attaquée. Sur place, ils découvrent un survivant qui leur explique qu’une force étrange a tué ses camarades. Ils comprennent alors qu’il s’agit d’une technologie mise au point par des martiens. Après avoir résolu son code, les astronautes accèdent à leurs archives qui leur révèlent que les martiens ont implanté la vie sur Terre avant de devoir fuir de la leur.
=> Le film met en scène un véritable site martien, Cydonia, qu’il transforme en lieu en l’emplissant de son récit imaginaire. İl se fait aussi l’écho de la panspermie, une théorie ancienne qui suppose que la vie a été importée par des extra-terrestres sur notre planète.
2002 Solaris, Steven Soderbergh, États-Unis
Chris voyage jusqu’à la station orbitant autour de la planète Solaris. A bord de la station, sa femme décédée lui apparaît. Ils comprennent ensemble qu’elle est un simulacre généré par la planète et décident de l’accepter.
=> L’adaptation américaine du roman de Stanislas Lem assume plus l’aspect spatial et science-fiction du récit que Tarkovski, s’inspirant même de l’ISS pour le décor de la station. Néanmoins, elle raconte la même histoire d’une planète vivante qui pour se défendre investit le territoire intime de ceux qui l’approchent.
2007 Sunshine, Danny Boyle, Royaume-Uni, États-Unis
L’équipage du vaisseau Icarus II doit atteindre le Soleil qui se meurt pour y faire exploser une bombe nucléaire afin de le relancer et d’ainsi sauver la vie sur Terre. Alors que le voyage éprouve la santé mentale des personnages, ils reçoivent un signal du vaisseau Icarus I qu’ils pensaient perdu. Alors qu’ils l’abordent pour récupérer sa charge nucléaire, le commandant d’Icarus I, s’infiltre à leur insu dans leur vaisseau, décidé à saboter la mission, se prenant pour un envoyé de Dieu.
=> Sunshine est le premier film à envoyer une mission vers notre étoile qu’il simule grâce aux images numériques. Il s’inscrit dans le « nouveau sérieux », comme le désigne Michel Chion2, qui s'éprend des films de science-fiction dans les années 2000.
2009 Avatar, James Cameron, États-Unis, Royaume-Uni
En 2154, les Terriens se battent contre les Na’vis sur la lune Pandora pour exploiter leur minerai. Afin d’infiltrer les Na’vis, les humains se projettent dans des corps-avatars biologiques. L’ancien marine paralysé Jake Sully tombe néanmoins peu à peu amoureux d’une Na’vi tandis qu’il découvre leur civilisation.
=> Entièrement tourné en numérique, le film sort en 3D au cinéma et rencontre un succès planétaire. S’il se déroule sur un astre imaginaire, l’enjeu spatial est rapidement évacué pour se concentrer sur celui de la colonisation.
2009 Moon, Duncan Jones, États-Unis, Royaume-Uni
Sam est un ouvrier employé par « Luna Industries » qui s'occupe seul du forage d'hélium 3 sur une base lunaire nommée Sarang, dont l'extraction permet à la Terre de survivre. Après un accident, il découvre un individu lui ressemblant en tous points dans la base et comprend qu'il n'est en fait qu'un clone manipulé par l’entreprise.
=> Duncan Jones envisage la Lune comme un non-lieu auquel sont enchaînés des clones. Cette rencontre entre le clone et le non-lieu produit une aliénation absolue, typique de la surmodernité.
2009 Star Trek, J.J.Abrahms, États-Unis
A peine sorti de sa formation à la Starfleet, le jeune Kirk s’infiltre dans L’Enterprise pour affronter Nero, responsable de la mort de son père, qui a décidé de détruire Vulcain. Après plusieurs anicroches, Kirk, Spock et les autres détruisent Nero qui venait en fait du futur.
=> Cet opus constitue le reboot de la saga, soit une remise à zéro. On reprend les mêmes personnages dont les histoires restent sensiblement les mêmes, mais on change les acteurs et l’esthétique pour redonner un coup de jeune à la saga cinématographique.
2011 Thor, Kenneth Branagh, États-Unis
Fils du dieu Orin, roi d’Asgard, Thor est exilé sur Terre après avoir désobéi à son père tandis que son demi-frère Loki manipule pour obtenir le pouvoir.
=> Première véritable insertion au cinéma des super-héros dans l’Univers, porté ici par la mythologie nordique.
2012 Prometheus, Ridley Scott, États-Unis, Royaume-Uni
En 2093, l’équipage du vaisseau Prometheus, guidé par des peintures préhistoriques, part explorer une lointaine, dans le système Zeta Reticuli, à la recherche des origines de l’humanité. Sur place, ils découvrent les traces d’une civilisation extraterrestre, les « Ingénieurs », avant d’être attaqués par des aliens. Ils comprennent alors que si les Ingénieurs sont à l’origine de la vie sur Terre, ils voulaient aussi utiliser les aliens pour la détruire.
=> Ridley Scott revient à Alien avec ce préquel qui forme un huis-clos à ciel ouvert dans un paysage nordique, nouvelle tendance du cinéma spatial.
2013 Gravity, Alfonso Cuarón, États-Unis, Royaume-Uni
Après la collision entre des débris spatiaux, la navette Explorer et le téléscope Hubble, Ryan Stone et Mathieu Kowalski sont les seuls survivants. Ce dernier se sacrifie afin que la première puisse rejoindre l’ISS. Confrontée à d’autres épreuves, Ryan est tentée par la mort en se disant qu’elle rejoindra ainsi sa petite fille décédée lors d’un accident. Mais, après avoir halluciné le retour de Kowalski, elle se ressaisit et parvient à revenir sur Terre.
=> Inscrit dans une volonté réaliste, avec des références explicites aux structures spatiales réelles, le périple solitaire de l’héroïne en orbite terrestre n’est qu’une métaphore du deuil qu’elle doit accomplir.
2014 Interstellar, Christopher Nolan, États-Unis, Royaume-Uni
Alors que la Terre est de plus en plus invivable, l’ancien pilote Cooper est mobilisé avec une équipe pour traverser un trou de ver apparu près de Saturne. Il doit les mener vers un autre système où ils espèrent trouver une planète habitable. Passant d’un astre à un autre, leur voyage est compromis lorsque le survivant d’une ancienne mission les attaque. Cooper est contraint de se laisser dériver vers le trou noir Garguanta qui le mène à un Tesseract. A l’intérieur de celui-ci, établi par des humains du futur, se trouve la chambre de sa fille Murphy, restée sur Terre, démultipliée dans le temps. Grâce à une montre, Cooper parvient à lui communiquer des données permettant de maîtriser la gravitation, afin de sauver l’humanité en lui permettant de migrer massivement sur des stations spatiales.
=> Souvent rattrapée par la nécessité scénaristique, mais aussi esthétique, la volonté scientifique de Christopher Nolan est néanmoins affichée comme un argument promotionnel au moment de la sortie. Conseiller sur le film, l’astrophysicien Kip Thorne écrira même un livre intitulé “la science d’Interstellar”, revenant notamment sur la simulation du trou noir à l’aide de données scientifiques.
2014 Les Gardiens de la Galaxie, James Gunn, États-Unis
Le hors-la-loi Peter Quill s’associe avec Gamora et d’autres prisonniers pour s’échapper d’une prison galactique. Gamora est recherchée par son père adoptif Thanos car elle lui cache un objet détenant l’une des pierres d’infinité au pouvoir infini. Il envoie Ronan à ses trousses mais aidée de ses nouveaux amis, Gamorra lui fait face.
=> La production Marvel confirme sa volonté d’inscrire les super-héros dans le cosmos avec cette nouvelle série de films dédiée à des personnages qui ne cessent d’aller et venir d’un astre imaginaire à un autre.
2015 Seul sur Mars, Ridley Scott, États-Unis
La mission Ares III doit précipitamment quitter Mars suite à une tempête. Laissé pour mort, Mark survit miraculeusement. Le biologiste s’organise pour tenter de subvenir à ses besoins, plantant des pommes de terre dans l’habitat, en attendant de contacter la Terre. Apprenant qu’il est toujours vivant, la mission Ares III finira par faire demi-tour pour venir le chercher en orbite martienne.
=> Adapté du roman d’Andy Weir, le film est salué comme particulièrement réaliste car le personnage s’en sort grâce à sa propre science. İl est surtout l’occasion pour les spectateurs de se projeter sur Mars.
2015 Star Wars VII, Le Réveil de la Force, J.J Abrahms, États-Unis
Rey est une pilleuse d’épaves vivant sur Jakku. Lorsqu’elle y rencontre le robot BB8 et le déserteur stormtroopers Finn, elle se retrouve pourchassée par Kylo Ren, le fils de Han Solo et Leia, petit-fils de Dark Vador. Ce dernier est à la recherche d’une carte menant au Jedi Luke Skywalker. Tandis qu’elle découvre l’histoire des Jedi, Rey s’apperçoit qu’elle est elle-même connectée à la Force.
=> Disney relance la saga après avoir racheté Lucasfilm. Cette nouvelle trilogie se concentre sur la nouvelle génération des familles Skywalker et Palpatine tout en explorant de nouveaux astres, agrandissant la carte de la galaxie imaginaire.
2016 Passengers, Morten Tyldum, États-Unis
Le vaisseau Avalon est en route vers la planète habitable Homestead II, transportant cinq mille futurs colons en hibernation. Suite à une erreur, Jim est réveillé quatre-vingt dix ans trop tôt. Rongé par la solitude, il décide de réveiller Aurora, une jeune femme avec qu’il espère former un couple.
=> Si le film soulève lui aussi la question de la colonisation d’une exoplanète, il illustre surtout le nouvel attrait du cinéma spatial pour les personnages solitaires, interrogeant in fine notre place dans l’Univers.
2018 First Man, Damien Chazelle, États-Unis, Chine, Japon
Après le décès de sa petite fille, Neil Armstrong candidate pour rentrer à la NASA. Sélectionné pour devenir astronaute, il deviendra, après des mois de formation périlleuse, le premier homme à marcher sur la Lune en 1969.
=> Ce film historique se concentre sur le deuil de Neil Armstrong, interprétant son voyage lunaire comme un voyage mortuaire lui permettant de rendre hommage à sa fille une dernière fois.
2019 High Life, Claire Denis, France, Allemagne, Royaume-Uni, Pologne, États-Unis
Des prisonniers sont envoyés dans un vaisseau spatial afin de chercher de nouvelles ressources aux abords des trous noirs. A son bord, la docteure Dibbs multiplie les expériences autour de la procréation, et l’une des prisonnières finit par tomber enceinte. Suite à une succession d’évènements, le père de l’enfant se retrouve seul à l’élever dans le vaisseau.
=> Passionnée de science-fiction, la réalisatrice française explore à sa manière la solitude et le huis-clos spatial dans un film à l’aura poétique. Aidée par l’artiste Olafur Eliasson et l’astrophysicien Aurélien Barrau, elle propose sa propre esthétique des trous noirs.
2019 Ad Astra, James Gray, États-Unis
Alors qu’il croyait son père mort, Roy apprend que depuis son vaisseau aux abords de Neptune, il est responsable de surcharges électriques dangereuses pour la Terre. Il est alors missionné par l’armée pour le contacter par radio depuis Mars et le ramener à la raison. Passant par la Lune, en proie aux combats à cause de ses ressources, Roy rejoint la planète rouge devenue également une colonie. Désobéissant ensuite aux ordres, il décide de partir lui-même chercher son père ce qui l’entraîne dans un voyage solitaire aux confins du système solaire.
=> Inspiré par Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad, cette quête initiatique raconte le parcours d’un homme qui s’enfonce de plus en plus loin dans l’inconnu pour retrouver son père. Il est le premier film à statuer que les humains sont seuls dans l’Univers, amenant la question de la solitude à son paroxysme.
1À partir de là, tous les films sont parlants et en couleurs, nous cessons de l'indiquer.
2 Michel Chion, Les films de Science-Fiction, Editions Cahiers du Cinéma, 2009, p. 368.